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JANVIER 2018

Son atelier ressemble à un jardin, une île, une clairière, où des œuvres, des animaux, des formes géométriques vivent en liberté, une tortue vous salue et la pièce en cours attend impatiemment de prendre vie et place dans cette ménagerie de plexiglas. Elle semble vivre, dormir et rêver avec ses œuvres, ses pensionnaires.
 
Native de Vallauris, elle aurait pu se consacrer à la céramique mais elle préfère s’attaquer à un autre médium, le verre acrylique. Un Everest que tout connaisseur redoute ! Non contente de dominer cette science, elle découvre de nouvelles voies, des procédés qu’elle seule maîtrise.
 
L'œuvre de Cristina Marquès est toute en nuance et raffinement. Equilibre et poésie, calme et tempête, Yin et Yang ; elle porte à la réflexion, nous invite à pénétrer dans son univers, qui se dévoile au fur et à mesure, toujours plus avant.
 
L'abstrait est son domaine d'élection, mais le figuratif et le design l'interpellent. Son matériau de prédilection est le verre acrylique (Altuglas/Plexiglas). Sa transparence, ses couleurs, sa  soi-disant docilité lorsqu'il devient malléable comme une glaise synthétique. 
 
L'Artiste travaille avec le morcellement, l'ombre et la lumière, le plein et le vide, l'horizontalité et la verticalité, tout en restant dans une structure affirmée. De ces longues hésitations, au lent murissement des jours durant pour s'assurer de la justesse de ligne, de pli, tant les possibles sont ouverts. Elle se joue de ces dualités, qui s'immiscent avec finesse pour enfin se révéler avec force, et ne laissant aucune part au hasard.
 
Constamment en recherche, ses techniques "Bullage" "Empreintes", et " Superposition" qu’elle a inventé dans ce plexiglas, font de chaque centimètre une pièce unique figée dans le temps, inaltérable. La difficulté à le maîtriser, le dompter et le surpasser, fait que ces contraintes la boostent.
 
Interpelé, l'œil parcourt la sculpture, en isole des fragments, des strates qui forment autant de tableaux au sein de l'œuvre, pour enfin se l'approprier et la contempler dans sa forme originelle.
 
L'abstrait est souvent travaillé d'instinct, se laissant envahir par son feeling, ce moment particulier d'excitation totale et paradoxalement serein "comme un poisson dans l'eau". 
 
Pour le figuratif, après des études, pré-maquettes papier/carton, elle part souvent d’un détail. Par exemple, pour la Tortue, elle a commencé par 5/6 écailles, représentées par des petites spirales, et pour son serpent Kaa, elle a fait 2/3 anneaux. L’imagination faisant le reste, l’Artiste se lance dans la création de l’œuvre.
 
Pour le monumental également, études, pré-maquettes papier/carton, et réalise en dernier lieu, une maquette en Plexiglas, afin d'étudier la faisabilité de la sculpture. 
 
Ses œuvres sont de facture organique, et en 2011 s'est imposé à elle, une nouvelle direction "la verticalité" que l’Artiste a appelé "Ice". Ses spirales, volutes, sont toujours très présentes, et ses "Ice" viennent la titiller, la provoquer !
 
L’art de Cristina Marquès est rare et unique par sa capacité à dépasser les limites de son matériau et les frontières des formes, des couleurs et des textures pour toucher à la magie. 
 
Imaginez une bouteille de champagne dont les bulles resteraient éternellement en effervescence.
 
Elle ne connait pas les multiples : elle a trouvé le feu sacré qui fait de chacune de ses pièces une part d’infini.